La Lune et moi
Éditions POINTS Poche, 2011





« Découvrant les haïkus réunis ici, il me semble remonter à la source même de l’écriture poétique. Source originelle, archaïque, et par conséquent intemporelle, contemporaine à jamais. »
Olivier Adam


Fondée en 1928, Ashibi est encore aujourd’hui l’une des plus célèbres revues de haïkus au Japon. Cette revue publie chaque mois les poèmes des plus grands maîtres et maîtresses du haïku contemporain.

Makoto Kemmoku est membre de la revue Ashibi. Il est traducteur et enseigne la littérature japonaise. Dominique Chipot est le fondateur de l'Association pour la promotion du haïku francophone.

Haïkus traduits et adaptés du japonais par Dominique Chipot et Makoto Kemmoku

Préface inédite d’Olivier Adam



Le haïku vu par Olivier Adam
De grands auteurs se sont intéressés au haïku sans pratiquer eux-mêmes le genre. On pense en particulier à Philippe Jaccottet qui a vu dans le haïku l’essence même du poème, ramené à sa simplicité originelle et débarrassé de d’un surcroît d’images.

Aujourd’hui, dans une belle préface à une sélection de haïkus japonais contemporains, le romancier Olivier Adam nous livre son point de vue. Le fait qu’il vive en Bretagne, dans le pays malouin, n’est sans doute pas étranger à cette empathie pour ces poèmes concis de trois vers magnifiant la nature à travers le passage des saisons. « Jamais ma quête d’un accord, la recherche d’une pulsation égale à la pulsation du monde, d’une vibration commune me liant au végétal, au minéral, au vivant, au cosmique même, si l’on veut employer de grands mots, n’a été aussi nette, vivante, palpable, concrète ». Il le dit en évoquant les « paysages littoraux du nord de la Bretagne » qu’il tente de décrire dans ses livres, mais aussi au sujet de « la nature enchantée des campagnes japonaises semées de temples et de sanctuaires ». C’est ce qui le rapproche du haïku.

Avec le haïku, estime Olivier Adam, on « sauve l’instant de grâce », on « traque le moment fragile et crucial ». Il faut pour cela « accroître notre présence, densifier notre présence au réel, aux autres et à nous-mêmes », « tendre l’oreille », « ouvrir l’œil », « aiguiser ses sens ». Car c’est « l’enlisement qui nous guette, l’engourdissement de nos sens ». Le haïku a donc quelque chose à voir avec un combat pour la vie face à « l’imminence de la mort ». Rien de moins. Voilà une tache immense dévolue au plus petit poème du monde.

Le disant, Olivier Adam ne veut pas entrer dans le débat, souvent tendu, sur la nature du haïku contemporain et les règles auxquelles il doit, ou non, s’astreindre. Simplement, constate-t-il, « la manière s’aiguise, s’épure à l’infini, comme si l’on pouvait toujours s’approcher un peu plus de l’os ». Il préfère donc souligner ce qui constitue, à ses yeux, « l’immuable objet » du haïku : « la célébration du vivant, un vivant unifié, ouvrant les hommes à la nature, palpitante, enchantée ». Un exemple? « Les pétales du cerisier/tourbillonnent tellement/je peine à respirer » (Nagiko Nishimura)

Pour le romancier malouin, le haïku atteint sa perfection quand il est capable « en trois lignes » de « peser des tonnes » et de « faire jaillir un monde, des histoires, une vie entière ». Ainsi ce haïku qu’il cite : « Cigales d’automne/les lettres d’un défunt/restées dans le porte-lettres » (Setsuko Shimizu).

Pierre TANGUY.
Source : Le cahier d’écritures de Jacques Rouil
http://jacques-rouil.jimdo.com/




© 2002 - dominique Chipot - textes & photos

Le haïku : le temps d'un instant
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