DU ROUGE AUX LEVRES
traduction de Makoto Kemmoku & Dominique Chipot




édition La Table Ronde, 2008

édition POINTS - Poche, 2010




Pour l'amateur de poésie et/ou de littérature japonaise, Du rouge aux lèvres est un incontournable : on y retrouve toutes les grandes figures féminines japonaises (Kawaï Chigetsu, Hisajo Sugita, Takato Hashimoto...). Pour les autres, les curieux qui n'y connaissent pas grand-chose, c'est l'occasion de découvrir bien plus qu'un simple courant poétique, un véritable mode de vie, une approche inédite, abstraite et sensuelle du monde.
Par Marine de Tilly, 16/03/2010








„Textes très délicats, tendres, sensuels, qui, au-delà de leurs mérites littéraires donnent accès à un univers, une civilisation.”
Robert Colonna d’Istria, Corsica, Juin 2008








„Une anthologie 100% féminine. Un recueil d’images capturés dans de brefs poèmes à lire d’une seule respiration.”
Marie Rogatien, Le Figaro, 24 Mai 2008









Une belle anthologie bilingue de haïkus japonais écrits par des femmes du 17ème siècle jusqu’à aujourd’hui dans une traduction de Dominique Chipot & Makoto Kemmoku parue à La Table Ronde.


émission "Spécial Du rouge aux lèvres - Haïjins japonaises" du dimanche 16 novembre 2008
Ca rime à quoi
par Sophie Nauleau








Quelques anthologies de poètes de haïku originaires du Soleil-Levant ont été publiées en français mais aucune n’a accordé une telle importance aux femmes poètes. Et c’est là, le grand mérite Du rouge aux lèvres : offrir à la francophonie la poésie d’auteures, lues, la plupart du temps, sinon en japonais du moins en traduction anglaise. Quarante auteures sont présentées dans l’ordre chronologique de leur naissance – de Chigetsu Kawaï née vers 1640 à Ayaka Satō née en 1985. Mentionnons déjà les noms de Hisajo Sugita (1890 – 1946), Masajo Suzuki (1906 – 2003), Nobuko Katsura (1914 – 2004), Momoko Kuroda (1938 - ), Madoka Mayuzumi (1965 - ).

La force d’une image peut parfois rendre les mots superflus. Dans le cas d’une œuvre littéraire, c’est l’agencement des mots du poème, dans ce cas-ci traduit, qui évoque une image. Qu’on enlève au poème ses mots, l’image perdure.



Épais brouillard –
Je me couche en embrassant mon sein,
ôté demain.

Mariko Koga (1924 - ), maîtresse de haïku de M. Kemmoku




Mon père ne doit pas mourir.
Il faut
qu’il scie des blocs de charbon.

Aya Shōbu (1924-2005)




Une section du livre, soit 12 poèmes sur quatre pages, est consacrée à une année dont je tairai le nom car trop honteuse pour l’humanité. Les traducteurs disent avoir voulu « partager (ces haïkus sur la bombe A) dans l’espoir qu’ils puissent contribuer à faire réfléchir chacun de nous sur les atrocités de la guerre… ». J’ajouterai, et à faire en sorte qu’elles ne soient plus jamais renouvelées… quitte à envoyer aux chefs d’états actuels et futurs ces poèmes dans le but de les encourager à travailler à l’instauration d’une paix universelle et durable.




Sous un soleil brûlant
je ramasse dans un seau
les os chauds.

Sumiko Tsujimura (Hiroshima)




Ma sœur, morte brûlée,
tient toujours à la main
son ombrelle décorée.

Ishi Funazu (Nagasaki)




Avant de clore, faisons donc un tour du livre, en mentionnant ses plus et ses moins.
- Ses moins : haïkus en phrases complètes incluant majuscules et ponctuation; absence de Niji Fuyuno (1943-2002).
- Ses plus : présentation visuelle (pages couvertures rouge et vert); graphisme et fonte des pages intérieures; papier mat, genre parchemin sans rugosités; disposition des poèmes; édition bilingue : caractères chinois et japonais, translittération en rōmaji (transposition d’un alphabet autre en alphabet latin), traduction en français; notes biobibliographiques sur chacune des 40 auteures.

Janick Belleau, pour Ploc!








Découverte . La face cachée de la poésie japonaise, le haïku féminin.
Ce qui plaît en général dans le haïku, c’est son trait, soit l’aigu d’une brièveté qui a force d’évidence. Plaît ce quelque chose qui traverse ce peu de mots vers les choses du monde dans leur frémissement, leur vacillement, leur légèreté. Quelque chose qui ouvre ces mots à l’espace même de l’énigme de cette présence, de ce souffle qui caresse les yeux. Et passe - 5/7/5 - dans ces trois vers :
« Beni soita kuchi mo wasururu shimizu kana. »
« Je bois à la source
Oubliant que je porte
Du rouge aux lèvres. »

Ce haïku de Chyo-ni, qui vivait au XVIIIe siècle, donne son titre à l’anthologie bilingue élégamment présentée que publient les Éditions de la Table ronde. Makoto Kemmoku et Dominique Chipot ont ainsi choisi et traduit quelques 40 haïjins japonaises. Et telle est bien l’originalité de ce livre ! Forts des quelques grands livres parus sur le haïku - et je pense à celui paru chez Fayard en 1983 et réédité récemment dans la collection « Points-Poésie » du Seuil, dont le texte français est de Roger Munier et la préface d’Yves Bonnefoy, et à l’Anthologie du poème court japonais de Corinne Atlan et Zéno Bianu en Poésie/Gallimard -, on a toujours tendance à réduire la pratique du haïku aux noms de quelques grands maîtres : Basho (1644-1694), Buson (1715-1783), Issa (1763-1827), Shiki (1866-1902). Ce faisant, on oublie les hajins, ces poètes femmes à qui cette anthologie aujourd’hui rend justice. Elle laisse également entrevoir, d’une part, cette seconde branche du haïku, qui tourne ses feuilles vers le quotidien, et les gestes qui lui donnent sens jusqu’à réserver un chapitre aux haïkus de la bombe atomique, à côté de celle toujours présente, bien sûr, des choses comme elles chantent dans le cours des saisons. Et d’autre part, combien la pratique du haïku est aujourd’hui particulièrement vivace chez les poètes femmes japonaises ! Ainsi de Ayaka Sato, née en 1985, dont ce poème termine le livre :
« Tachiuo ya toki kikari o hanekaeshi »
« Une ceinture d’argent
reflète la lumière
lointaine. »

Alain Freixe
L’Humanité du 9 avril 2009








Ouvrage d’exception
Voici un livre à la fois précieux, original, et rare.
On le doit à l’écrivain japonais Makoto Kemmoku et à Dominique Chipot (de Seichamps, dans la banlieue nancéienne), haïjin français, auteur de Tout sur les haïkus, co-fondateur de Gong (la première revue francophone de haïku), et fondateur de l’Association pour la promotion du haïku francophone.
Tout deux ont signé cette anthologie bilingue qui couvre trois siècles de haïkus japonais et constitue aussi un vibrant hommage aux poétesses déjà célèbres dans leur pays ou pouvant le devenir.
Les femmes tiennent en effet une place importante dans la poésie japonaise. Etonnant et superbe.

Michel Nivoix








Des kimonos pour goûter aux fleurs du cerisier
Du rouge aux lèvres, haïjins japonaises, édition bilingue, traduction de Makoto Kemmoku et Dominique Chipot, éd. La Table Ronde.
L’amour, le quotidien, la nature, la souffrance : quelques uns des thèmes abordés par les poétesses japonaises en ces éclairs fulgurants, précis et concis que sont les haïkus.
Nos haïjins (les femmes auteurs de haïkus) traversent ce livre sur la pointe des pieds, porteuses d’une tradition ainsi que d’une mise à jour du cadastre poétique. On revient sans cesse à la lune, au puits, aux cerises, aux papillons, pourtant la modernité fait surface, s’installe quitte à bousculer l’ordre figé d’une société : Ah, si je pouvais / envoyer par fax / un pré d’astragale ! (Miyoko Hashimoto, 1925).
Ce haïku semble étrange à côté de ceux du maître en ce domaine, Bashô et de la légendaire Chiyo-ni (1703-1775) : Fête des poupées. / Mon enfant rit sans cesse / quand elles tombent.
Ces merveilleuses poupées qui tombent, proches des femmes poupées, des fragiles japonaises de nos fantasmes, sont aussi la représentation du couple impérial et de sa suite. Dévotion au Japon pour les poupées jusqu’à les fêter tous les ans le 3 mars.
Poupées qui nous rappellent les petits pas posés par Sei Shônagon, attachée au service d’une princesse japonaise du XIe siècle. L’intrusion de Shônagon dans Du rouge aux lèvres n’est pas fortuite. Ne peut-on pas la considérer comme la grande maîtresse japonaise de nos haïjins, ainsi que des tankistes (les adeptes du tanka) et ceux du renga ou du renku. Proche de Sei Shônagon, de ses notes de chevet, Nobuko Katsura (1214-2004) :
Je vois un homme, / mon kimono lâche. / Nuit aux lueurs de luciole.
Comment montrer le temps qui passe, le corps qui prend ses aises, Katsura nous confie avec tristesse : Quel ennui, / ces seins ! / Longue saison des pluies.
Les iris continuent à fleurir au pays du sourire.
Merveilleuse lecture de nos petites soeurs japonaises, tel ce haïku de la bistrotière de Tokyo : Souhaitant être amoureuse / je fourre une fraise / dans ma bouche. (Masajo Suzuki, 1906-2003)
Elle aborde aussi le grand âge avec mélancolie : L’automne des femmes... / Je suis mélancolique / d’avoir teint mes cheveux.
Amari Ôki (1941), intellectuelle et artiste aime les fleurs du prunier, les cigales, la lune et Brahms : Fraîcheur du soir. / Quelqu’un me demande / Si j’aime Brahms.
Beaucoup de saisons des pluies chez ces poétesses grappes de glycine, mais rien de superficiel, on pourrait le croire. Une présence terrible de l’être dans leurs trois vers : le coeur, le corps, l’âme et l’esprit : Pour mon visiteur / je tire un poireau / à tâtons dans la nuit.
Teijo Nakamura (1900-1988) a promu l’art du haïku auprès des ménagères de son pays.
Débutante, Minako Tsuji (1965) : Vent nocturne sec et froid. / Mon foetus / bouge violemment.
Morte dans un hôpital psychiatrique en 1946, je me réserve la leçon de tendresse, de douceur et d’humanité de Hisajo Sugita (née en 1890). Elle a fondé en 1932 la revue Hana-goromo : kimono pour goûter les fleurs du cerisier.
Kazué Asakura (1934-2001) vivait à Nagasaki en 1945 : L’air moite miroite. / Faudra-t-il me dialyser / Aussi dans la tombe ?
Livre intense, touchant et attachant à poser à notre chevet. S’il nous rapproche du Japon, il nous rapproche de nous-mêmes.

La chronique de poésie de Gaspard Hons in Le Mensuel littéraire et poétique n°364








Ce livre a également été présenté par Monique Atlan dans son émission „Dans quelle éta-gère” sur France2 les mercredi 18 et jeudi 19 juin 2008.




Comme les hommes, les femmes japonaises parlent de la vie comme elle va. Avec simplicité, mais sans jamais oublier leur féminité ou leurs drames intimes.
Pierre TANGUY , Ouest France




© 2002 - dominique Chipot - textes & photos

Le haïku : le temps d'un instant
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