premier jour de l’an
avant de petit-déjeuner
mon médicament
du matin de neige
le journal imprimé hier
ne dit pas un mot
ne
rien pouvoir lire
attendant que l’enfant naisse
puis tourner la page
un grand feu de joie
le lierre autour de la branche
brûle tout autant
ce premier café
noir dans le noir du matin
blanchit les idées
en main le dossier
du patient qui s’impatiente,
deux tasses dans l’autre
lendemain de neige
dans de vieux souliers humides
remplir la mangeoire
belle nuit d’hiver
le halo de la cité
gomme les étoiles
son écharpe noire
qu’elle noue autour du cou...
montrant son nombril
La luge descend.
Sous les buissons enneigés
l’enfant se relève.
marais picard :
un envol de canard
peint sur le pignon
la blancheur du blanc
de la peinture exposée
trahit l'amateur
La neige revient.
Je jette par la fenêtre
les miettes de pain.
traversant le lac
la
surface de la glace
paraît bien fragile
les grands sapins bleus
lourds de plusieurs jours de neige
forment la montagne
Le froid est si froid
qu’il passe par la cheminée.
Le feu est éteint depuis dimanche soir.
En semaine,
je pars tôt et rentre tard,
laissant la chaudière à plein régime.
Demain, je dois penser
à payer la facture de gaz…
Saint-Valentin
distributeur à condoms
hors service
l’énorme bouquet
offert à sa bien-aimée
gelé sur la tombe
des souvenirs d’elles
sa main tremblante griffonne
ce qu’il n’a su dire
le mémorial des passeurs
droit parmi les arbres
brisés par le vent
Col du Donon – 02/2007
Une boule de neige
pile sur la plaque de rue…
Une autre à côté.
resté alité,
je
regarde à la fenêtre
un coin de ciel bleu.
une femme hésite
au rayon des surgelés…
moi aussi j’hésite !
neige fraîche
là
où étaient les bûches
pédalant trop vite
choc frontal
avec un insecte
sourires radieux
les cieux d’hiver lacérés
de traits d’hirondelles
début de printemps -
sur l’escalier du jardin
trouver un marron
attentif
mon pied l'avait évité
cet escargot
nuit sans lune
quel vertige à contempler
les astres déjà morts
Tout le monde en parle.
Cela va bientôt changer :
l’hirondelle est là
mon premier jardin :
tous ces plants dans le garage
ont-ils une place ?
Buvant mon café,
j’écoute la conversation
de la table voisine
Ils refont le monde !
Dehors, le soleil
annonce un printemps prometteur :
les premiers bourgeons percent
sous l’air chargé de CO²
un seau rempli d’eau
sous le tuyau d’arrosage
hors d’usage
le matin s’éveille –
le train traverse soudain
la plaine inondée
la mésange file
une épeire prise au bec
qui ne file plus
forsythias en fleurs -
les filets à graines vides
accrochés aux branches
au pied de l’affiche
déchirée,
celles des autres
matin de manif :
libres devant la fac
des places de parking
le chant d’une flûte
que j’imagine léger :
deux papillons volent
matin d’élection
le marronnier sur la place
commence à fleurir
le jardin bêché,
le chat du voisin vient voir
ce qui a changé
premières chaleurs -
le
taille-haie du voisin
cisaille la sieste
la
fourmi,
au
bout du brin d’herbe,
rebrousse chemin
le vent souffle fort ~
des pétales se répandent
sous le prunus mort
fin d’après-midi,
les canards vont vers le pain
sans se bousculer
une jeune femme :
le garçon tourne la tête,
et le père aussi
Ôtant les mauvaises herbes
entre les dalles de la terrasse,
je m’interroge sur le temps
qu’elles mettront à repousser.
Rentrant du jardin,
après m’être lavé les mains,
je me taille la barbe :
elle a encore blanchi.
l’oiseau dans son bec
une patte de faucheux
qui trotte quand même
devant, derrière
la clôture en barbelé
coquelicots en fleurs
il parle à son fils,
se souvenant de son père
qu’il trouvait injuste
bleus de l’aquarelle
les iris ne bougent pas
dans
le vent du sud
nuit étoilée
celui qui la regarde
tout petit
un grand mariage !
pour la photo de famille
rien que des sourires
grignotant les feuilles
aux alentours du cocon
de jeunes chenilles
un beau jour férié!
et dire qu’il faut
déclarer ses revenus
sur le tronc du pin
face au soleil couchant
la mousse verdit
fleurs de catalpa
les pétales dans le vent
d’un coup de ballon
dans un trou profond
au milieu du potager
brûler des factures
aussi haut
que les pots d’échappement
les pleurs du
bébé
si fortes chaleurs
chacun marche au ralenti
d'un film noir et blanc
arrivé
au comptoir
elle m’a regardé
de la tête aux pieds
trop vieux pour elle sans doute
elle n’a pas esquissé le moindre sourire
j’ai
payé ma note
et avant de partir
je lui ai souri
mal aux fesses
à force de pédaler
plus mal aux fesses
pendant qu’ils mangent,
la fumée des grillades
nourrit le cuistot
dans ces herbes folles,
la place où les amoureux
se sont allongés
la sieste s’étire
les cendres du barbecue
s’envolent au vent
premier moustique
une partie de la nuit
à l’écouter
la chaleur arrive
le parfum du chèvrefeuille
envahit l’entrée
longtemps j’observai
ce merle qui maintenant
becque mes cerises
pic de pollution –
le lourd parfum des jacinthes
le long des jardins
arrivé premier
descendant de son vélo
un enfant boiteux
ciel d’été
si bleu
autour du nuage
Premières chaleurs,
l’attente chez le glacier
croit avec le jour.
elle est wonderful…
il cherche à se souvenir
des leçons d’anglais
autour des touristes
les vendeurs à la sauvette
tournent avec l’ombre
elle chante faux…
pourtant quelques pièces tombent
dans sa main tendue
feu d’artifice
à l’opposé du vent
la foule s’entasse
posséder un Daum
j’en ai toujours rêvé
la plume en pâte de verre
bleue
dans son encrier de cristal
pur
si beau
en rêve
Bloquée par la roche,
la branche dans le torrent
verra-t-elle la mer ?
la fenêtre ouverte,
la mouche ignore toujours
mes coups de torchon
fin de canicule
au feu tricolore, le vieux
revient pour mendier
devant le panneau
« ville fleurie, deux étoiles »
un sac à dos passe
ôter des chaussures
la poussière de la ville
avec un chiffon
ses yeux pleins d’espoir
vers le pompon du manège
à chaque passage
cette ligne blanche
infinie
jusqu’à l’horizon
sous le sable,
pour tout trésor
un mégot
salle d’embarquement
regarder par la fenêtre
un vol de pigeons
rêves des enfants
accrochés aux ballons
lâchés dans le vent
sous son échancrure
l’absence de soutien-gorge
que mes yeux devinent
par intermittence
le train d’atterrissage
se colle à son ombre
tant de mûres mûres
à l’ombre des châtaigniers
femmes bavardes
L’orage est passé.
L’odeur de la pluie
sur le jardin fraîchement sarclé
envahit la chambre.
Je m’allonge sur le lit
et écoute les merles
qui, d’arbre en arbre,
semblent se répondre.
pelouse fanée
le liseron s’épanouit
d’un blanc éclatant
parti sans boussole
au milieu de la forêt
le sentier s’achève
Arrêté au stop,
me voilà en train d’attendre
que le feu soit vert.
lire dans le journal
la météo pour demain :
prendre un chocolat
Sur l’enveloppe,
le timbre dit ‘vacances !’.
Cela vient de France.
sur le mur du bloc
plein sud
le linge aux fenêtres
Marée montante
le présent
déjà effacé
encore une averse
- sur le tas de compost
un melon pourrit
épais brouillard
elle est partie dans la nuit
sans se retourner
hors des sentiers forestiers
des tranchées
couvertes de mousse
prérentrée
le café
au goût amer
devant le lycée
des mégots et des portables
quelques sacs aussi
Le vieux est trop vieux.
L’odeur de pommes pourries
vient de son jardin.
quel été indien !
contempler ses reflets d’or
au fond de tes yeux
froisser de la main
la lavande épanouie,
1er soir d’automne
Sous le vent d’été,
une feuille s’accroche…
Vent d’automne !
La boîte aux lettres
déborde de publicités
que je jette dans un carton
sans même les regarder.
Le carton est plein,
et j’irai demain
le vider dans un container
qu’un camion viendra chercher…
marché d’automne –
senteurs de poulet rôti
jusque dans le pull
si vieux aujourd’hui
cet homme que je craignais
quand j’étais gamin
la rivière en crue
l’enfant traverse le pont
à vives enjambées
La maison « A VENDRE »,
je ferme chaque volet
sur mes souvenirs.
aube naissante
avoir tant de choses à vivre
avant la nuit noire
Taille d’automne –
Sur l’échelle de mon père
mon fils est à l’œuvre
mon billot à bois
s’est cassé sous la cognée…
des oiseaux pépient
au fond du jardin
la remise de mon père
vide maintenant
feu d’automne
la fumée âpre des feuilles
du voisin
salon mortuaire
se retrouver face à face
à ses souvenirs
les oies vers le nord
leur prêter moins d’attention
qu’aux oies vers le sud
au
fond du grenier
bien rangés dans un carton
mes habits de gosse
lisant avec peine,
je veux ôter mes lunettes
déjà sur la table
La tarte enfin cuite,
je m’attarde à la cuisine
avec mon journal.
Les horreurs du monde
envahissent les pages
entre les pubs clinquantes.
Que l’odeur des mirabelles
est réconfortante!
l’été abondant
des salades abandonnées
sous les gelées blanches
le graphisme
des labours au pied des panneaux
publicitaires
Dans le vieux verger,
premier coup de pelle
mécanique
cimetière rural
peu nombreuses les croix
dépassant du mur
Changement d’heure –
Déjà, la pendule à l’heure
de l’hiver dernier.
sur le gravier
du jardin du souvenir
quelques pas d’enfants
Vieilles lettres,
brûlées
sans être relues
un nouveau fauteuil –
le premier à y ronfler
le chat rassasié
« chauds les marrons, chauds. »
passants pressés de passer :
froid l’automne, froid.
soirée diapo
mon enfance
aux couleurs délavées
décos de Noël
en soldes
avant les soldes
pot de fin d’année
plus de pudeur dans ses yeux
accrochés aux seins
Je regarde à la fenêtre
la neige qui couvre le jardin.
Les mésanges sont contentes
de picorer les graines
accrochées, la veille, au forsythia.
J’ai encore oublié
d’envoyer un chèque
aux restos du cœur
![]() |
Les informations et les images diffusées sur ce site sont protégées par les lois sur
la propriété intellectuelle. Aucune utilisation de ces informations n’est possible sans l’autorisation préalable de l’auteur. Les haïkus cités sur ce site sont extraits des ouvrages de la rubrique 'des livres' sauf ceux de la rubrique 'mes essais'. |