Un grand feu de joie - Haïkus & poésies brèves

édition TheBookEdition, 2008
http://www.thebookedition.com



Net ou papier ? Je vous laisse le choix...
Un recueil, contenant les haïkus et poèmes brefs ci-dessous,
est disponible en version imprimée, agrémentée de photo-haïkus.
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premier jour de l’an

avant de petit-déjeuner

mon médicament







du matin de neige

le journal imprimé hier

ne dit pas un mot







ne rien pouvoir lire

attendant que l’enfant naisse

puis tourner la page







un grand feu de joie

le lierre autour de la branche

brûle tout autant







ce premier café

noir dans le noir du matin

blanchit les idées







en main le dossier

du patient qui s’impatiente,

deux tasses dans l’autre







lendemain de neige

dans de vieux souliers humides

remplir la mangeoire

 







belle nuit d’hiver

le halo de la cité

gomme les étoiles







son écharpe noire

qu’elle noue autour du cou...

montrant son nombril







La luge descend.

Sous les buissons enneigés

l’enfant se relève.







marais picard :

un envol de canard

peint sur le pignon







la blancheur du blanc

de la peinture exposée

trahit l'amateur








La neige revient.

Je jette par la fenêtre

les miettes de pain.







traversant le lac

la surface de la glace

paraît bien fragile







les grands sapins bleus

lourds de plusieurs jours de neige

forment la montagne







Le froid est si froid

qu’il passe par la cheminée.

Le feu est éteint depuis dimanche soir.

En semaine,

je pars tôt et rentre tard,

laissant la chaudière à plein régime.

Demain, je dois penser

à payer la facture de gaz…








Saint-Valentin

distributeur à condoms

hors service







l’énorme bouquet

offert à sa bien-aimée

gelé sur la tombe







des souvenirs d’elles

sa main tremblante griffonne

ce qu’il n’a su dire







le mémorial des passeurs

droit parmi les arbres

brisés par le vent

Col du Donon – 02/2007







Une boule de neige

pile sur la plaque de rue…

Une autre à côté.







resté alité,

je regarde à la fenêtre

un coin de ciel bleu.







une femme hésite

au rayon des surgelés…

moi aussi j’hésite !







neige fraîche

où étaient les bûches







pédalant trop vite

choc frontal

avec un insecte







sourires radieux

les cieux d’hiver lacérés

de traits d’hirondelles







début de printemps -

sur l’escalier du jardin

trouver un marron







attentif

mon pied l'avait évité

cet escargot








nuit sans lune

quel vertige à contempler

les astres déjà morts







Tout le monde en parle.

Cela va bientôt changer :

l’hirondelle est là







mon premier jardin :

tous ces plants dans le garage

ont-ils une place ?







Buvant mon café,

j’écoute la conversation

de la table voisine

Ils refont le monde !

Dehors, le soleil

annonce un printemps prometteur :

les premiers bourgeons percent

sous l’air chargé de CO²







un seau rempli d’eau

sous le tuyau d’arrosage

hors d’usage







le matin s’éveille –

le train traverse soudain

la plaine inondée







la mésange file

une épeire prise au bec

qui ne file plus







forsythias en fleurs -

les filets à graines vides

accrochés aux branches







au pied de l’affiche

déchirée,

celles des autres







matin de manif :

libres devant la fac

des places de parking








le chant d’une flûte

que j’imagine léger :

deux papillons volent







matin d’élection

le marronnier sur la place

commence à fleurir







le jardin bêché,

le chat du voisin vient voir

ce qui a changé







premières chaleurs -

le taille-haie du voisin

cisaille la sieste







la fourmi,

au bout du brin d’herbe,

rebrousse chemin







le vent souffle fort ~

des pétales se répandent

sous le prunus mort







fin d’après-midi,

les canards vont vers le pain

sans se bousculer







une jeune femme :

le garçon tourne la tête,

et le père aussi








Ôtant les mauvaises herbes

entre les dalles de la terrasse,

je m’interroge sur le temps

qu’elles mettront à repousser.

Rentrant du jardin,

après m’être lavé les mains,

je me taille la barbe :

elle a encore blanchi.







l’oiseau dans son bec

une patte de faucheux

qui trotte quand même







devant, derrière

la clôture en barbelé

coquelicots en fleurs







il parle à son fils,

se souvenant de son père

qu’il trouvait injuste







bleus de l’aquarelle

les iris ne bougent pas

dans le vent du sud







nuit étoilée

celui qui la regarde

tout petit







un grand mariage !

pour la photo de famille

rien que des sourires







grignotant les feuilles

aux alentours du cocon

de jeunes chenilles







un beau jour férié!

et dire qu’il faut

déclarer ses revenus







sur le tronc du pin

face au soleil couchant

la mousse verdit







fleurs de catalpa

les pétales dans le vent

d’un coup de ballon







dans un trou profond

au milieu du potager

brûler des factures







aussi haut

que les pots d’échappement

les pleurs du  bébé







si fortes chaleurs

chacun marche au ralenti

d'un film noir et blanc







arrivé au comptoir

elle m’a regardé

de la tête aux pieds

trop vieux pour elle sans doute

elle n’a pas esquissé le moindre sourire

j’ai payé ma note

et avant de partir

je lui ai souri








mal aux fesses

à force de pédaler

plus mal aux fesses







pendant qu’ils mangent,

la fumée des grillades

nourrit le cuistot







dans ces herbes folles,

la place où les amoureux

se sont allongés







la sieste s’étire

les cendres du barbecue

s’envolent au vent







premier moustique

une partie de la nuit

à l’écouter







la chaleur arrive

le parfum du chèvrefeuille

envahit l’entrée







longtemps j’observai

ce merle qui maintenant

becque mes cerises







pic de pollution –

le lourd parfum des jacinthes

le long des jardins







arrivé premier

descendant de son vélo

un enfant boiteux







ciel d’été

si bleu

autour du nuage








Premières chaleurs,

l’attente chez le glacier

croit avec le jour.







elle est wonderful…

il cherche à se souvenir

des leçons d’anglais







autour des touristes

les vendeurs à la sauvette

tournent avec l’ombre







elle chante faux…

pourtant quelques pièces tombent

dans sa main tendue







feu d’artifice

à l’opposé du vent

la foule s’entasse







posséder un Daum

j’en ai toujours rêvé

la plume en pâte de verre

bleue

dans son encrier de cristal

pur

si beau

en rêve







Bloquée par la roche,

la branche dans le torrent

verra-t-elle la mer ?







la fenêtre ouverte,

la mouche ignore toujours

mes coups de torchon







fin de canicule

au feu tricolore, le vieux

revient pour mendier







devant le panneau

« ville fleurie, deux étoiles »

un sac à dos passe







ôter des chaussures

la poussière de la ville

avec un chiffon








ses yeux pleins d’espoir

vers le pompon du manège

à chaque passage







cette ligne blanche

infinie

jusqu’à l’horizon







sous le sable,

pour tout trésor

un mégot







salle d’embarquement

regarder par la fenêtre

un vol de pigeons







rêves des enfants

accrochés aux ballons

lâchés dans le vent







sous son échancrure

l’absence de soutien-gorge

que mes yeux devinent







par intermittence

le train d’atterrissage

se colle à son ombre







tant de mûres mûres

à l’ombre des châtaigniers

femmes bavardes







L’orage est passé.

L’odeur de la pluie

sur le jardin fraîchement sarclé

envahit la chambre.

Je m’allonge sur le lit

et écoute les merles

qui, d’arbre en arbre,

semblent se répondre.







pelouse fanée

le liseron s’épanouit

d’un blanc éclatant







parti sans boussole

au milieu de la forêt

le sentier s’achève







Arrêté au stop,

me voilà en train d’attendre

que le feu soit vert.







lire dans le journal

la météo pour demain :

prendre un chocolat







Sur l’enveloppe,

le timbre dit ‘vacances !’.

Cela vient de France.







sur le mur du bloc

plein sud

le linge aux fenêtres







Marée montante

le présent

déjà effacé







encore une averse

- sur le tas de compost

un melon pourrit







épais brouillard

elle est partie dans la nuit

sans se retourner







hors des sentiers forestiers

des tranchées

couvertes de mousse







prérentrée

le café

au goût amer







devant le lycée

des mégots et des portables

quelques sacs aussi







Le vieux est trop vieux.

L’odeur de pommes pourries

vient de son jardin.







quel été indien !

contempler ses reflets d’or

au fond de tes yeux







froisser de la main

la lavande épanouie,

1er soir d’automne







Sous le vent d’été,

une feuille s’accroche…

Vent d’automne !







La boîte aux lettres

déborde de publicités

que je jette dans un carton

sans même les regarder.

Le carton est plein,

et j’irai demain

le vider dans un container

qu’un camion viendra chercher…







marché d’automne –

senteurs de poulet rôti

jusque dans le pull







si vieux aujourd’hui

cet homme que je craignais

quand j’étais gamin







la rivière en crue

l’enfant traverse le pont

à vives enjambées







La maison « A VENDRE »,

je ferme chaque volet

sur mes souvenirs.







aube naissante

avoir tant de choses à vivre

avant la nuit noire







Taille d’automne –

Sur l’échelle de mon père

mon fils est à l’œuvre







mon billot à bois

s’est cassé sous la cognée…

des oiseaux pépient







au fond du jardin

la remise de mon père

vide maintenant







feu d’automne

la fumée âpre des feuilles

du voisin







salon mortuaire

se retrouver face à face

à ses souvenirs







les oies vers le nord

leur prêter moins d’attention

qu’aux oies vers le sud








au fond du grenier

bien rangés dans un carton

mes habits de gosse







lisant avec peine,

je veux ôter mes lunettes

déjà sur la table







La tarte enfin cuite,

je m’attarde à la cuisine

avec mon journal.

Les horreurs du monde

envahissent les pages

entre les pubs clinquantes.

Que l’odeur des mirabelles

est réconfortante!







l’été abondant

des salades abandonnées

sous les gelées blanches







le graphisme

des labours au pied des panneaux

publicitaires







Dans le vieux verger,

premier coup de pelle

mécanique







cimetière rural

peu nombreuses les croix

dépassant du mur







Changement d’heure –

Déjà, la pendule à l’heure

de l’hiver dernier.







sur le gravier

du jardin du souvenir

quelques pas d’enfants







Vieilles lettres,

brûlées

sans être relues







un nouveau fauteuil –

le premier à y ronfler

le chat rassasié







« chauds les marrons, chauds. »

passants pressés de passer :

froid l’automne, froid.







soirée diapo

mon enfance

aux couleurs délavées







décos de Noël

en soldes

avant les soldes







pot de fin d’année

plus de pudeur dans ses yeux

accrochés aux seins







Je regarde à la fenêtre

la neige qui couvre le jardin.

Les mésanges sont contentes

de picorer les graines

accrochées, la veille, au forsythia.

 

J’ai encore oublié

d’envoyer un chèque

aux restos du cœur





© 2002 - dominique Chipot - textes & photos

Le haïku : le temps d'un instant
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