Le Nihongi 日本紀

 

 

La plus vieille histoire officielle du Japon, est plus connu sous le nom de Nihonshoki (日本書紀,  Annales ou Chroniques du Japon), terme employé par le Man’yoshū1, lorsqu’il s’y réfère.

Sa compilation a commencé dans la dixième année du règne de Temmu 天武天皇2, en 681, quand le Prince Kawashima 川島皇子 (657-691), un fils de l’Empereur Tenji 天智天皇3, et 11 autres nobles reçurent l’ordre impérial de dresser une copie officielle de la généalogie de la famille impériale (le Teiki 帝記4) et de diverses autres compilations.

 

 

 

 

 

 

Tenji Tennō – 1er poème du Hyakunin Isshū

illustré par Utagawa Kuniyoshi 歌川国芳 (1797 - 1861)

 - signé Ichiyūsai Kuniyoshi ga

 

 

En 714, Ki no Kiyohito 紀清人 ( ? – 753) et Miyake no Fujimaro ont rejoint le groupe des compilateurs.

Selon les termes du Shoku Nihongi 続日本紀, la compilation historique suivante5, le Nihonshoki fut achevé le 1er juillet 720 par le Prince Toneri 舎人親王6, Ō no Yasumaro 太安万侶7 et d'autres historiens de l'époque.

 

Il n'existe aucun original de ce document, et il a été reconstitué par la suite, grâce à de nombreuses copies, souvent partielles. Il  comporte 30 volumes auxquels s’ajoute une compilation de tableaux généalogiques.

 

    Le voyage de mon seigneur

Dure depuis longtemps.

    Le cherchant dans la montagne

Irai-je à sa rencontre

Ou me tiendrai-je dans l'attente ? 8

 

 

Comme le Kojiki, le Nihonshoki commence par des récits mythologiques, rassemblés sous le nom de Jindai 神代巻9. Les volumes suivants couvrent les événements historiques depuis le règne de l’Empereur Jimmu 神武天皇 jusqu’à celui de l’Impératrice Jitō 持統天皇10, dans l’ordre chronologique11 et de façon parfois très détaillée12, en se concentrant sur les mérites et les erreurs des souverains, ou les échanges diplomatiques (avec la Chine et la Corée, par exemple).

Au contraire du Kojiki, il inclut également des travaux historiques chinois (le Wei Zhi 魏志) ou coréens et se réfère à des événements historiques contemporains de sa compilation.

 

Cette nuit,
Mon mari viendra.
Petit crabe –

Les gestes de l'araignée
sont manifestes !
13

 

 

L’impératrice Jitô contemplant, des portes de son palais, les montagnes boisées de Kaguyama - Utagawa Kuniyoshi 歌川国芳 (1797-1861)




Si le Kojiki était écrit en japonais, transcrit avec des caractères chinois, le Nihonshoki a été écrit en pur chinois : « C'est la première d'une longue série d'histoires officielles écrites en chinois, qui sont pour la plupart de mornes compilations dans lesquelles ceux-là seulement qui s'occupent d'histoires, d'anthropologie ou de sujets de ce genre peuvent vraisemblablement prendre quelque intérêt. Les écrivains se contentaient d'enregistrer les événements dans leur ordre chronologique, de mois en mois et de jour en jour, sans essayer de les relier entre eux ni de réfléchir sur leurs causes. » 14

 

           

                                                         Les oiseaux qui ont plongé

                                                         Dans le lac Biwa

                                                         Au passage de la Seta

                                                         Ne se voient nulle part –

                                                         Tourments d’un doute funeste ! 15

 

 

 

Du point de vue poétique, le Nihongi contient 128 tankas, dont 51 extraits du Kojiki. Les autres poèmes sont des Chōka 長歌16, des Katauta 片歌17, des Sedōka 旋頭歌18 et des prières.

Tout comme pour le Kojiki, « Les Tanka [du Nihongi] avaient une tendance narrative. Ils étaient faits pour être contés, et avaient pour base des légendes et des faits tirés de la mythologie. » 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Poètes – Masanobu Okumura 奥村政信 (1686–1764)

 

 

1. voir chapitre suivant

2. voir note n°19 du Kojiki

3. L’Empereur Tenji 天智天皇 (626-672), 38ème Empereur du Japon a régné de 661 à 672.

Poète, ses waka sont compilés dans le Man’yoshū et Teika l’a sélectionné pour son Hyakunin Isshū.

4. voir note n°20 du Kojiki

5. Le Nihongi est la première chronique du corpus intitulé Rikkokushi 六国史, Rikkokushi : les six histoires nationales.

Viennent ensuite :

-          le Shoku Nihongi 続日本紀 qui couvrent les années 697 à 791

-          Nihon Kōki 日本後紀 pour les années 792 à 833

-          Shoku Nihon Kōki 続日本後紀 pour 833 à 850

-          Nihon Montoku Tennō Jitsuroku 日本文徳天皇実録 de 850 à 858

-          Nihon Sandai Jitsuroku 日本三代実録 de 858 à 887

6. Prince Toneri 舎人親王 (676-735) est le fils de l’Empereur Temmu (voir note n° 19 du chapitre consacré au Kojiki).

7. Voir note n° 2 du chapitre consacré au Kojiki

8. Tanka attribué par le Kojiki à la Princesse Sotôshi et, par le Man’yoshū à la Princesse Iwa.

Traduction Gaston Renondeau (1978). Anthologie de la poésie japonaise classique / Traduction, préf. et commentaires de G. Renondeau. [Paris]: Gallimard.

9. Voir la note n°7 du chapitre consacré au Kojiki

10. L’Impératrice Jitō 持統天皇(645-703) a régné de 686 à 697. Fille de l’Empereur Tenji et femme de l’Empereur Temmu, son oncle.

Célèbre poète de waka, choisie par Teika pour le Hyakunin Isshū.

11. Dans le Kojiki, aucune section n’est directement consacrée à l’Impératrice Jingū  神功皇后, ses exploits étant contés dans les chapitres de l'Empereur Chūai 仲哀天皇. Le Nihongi lui rend hommage en lui consacrant tout un chapitre (le neuvième).

Le Kojiki s’arrête à l’Impératrice Suiki, tandis que le Nihon Shoki prolonge la dynastie jusqu’à l’Impératrice Jitō 持統天皇. Huit couronnes de plus, et pourtant, la liste des empereurs étudiés dans le Nihongi ne s’allonge que de 7 noms. En effet, le Prince Ōtomo(l’Empereur Kōbun 弘文天皇, qui n’a régné que huit mois, vaincu par son neveu à la guerre de Jinshin (voir la note n°19 du chapitre consacré au Kojiki), est exclu.

12. Le 28ème volume, par exemple, est entièrement consacré à la bataille de Jinshin.

13. D’après le version anglaise de W. G. Aston in Nihongi: chronicles of Japan from the earliest times to A. D. 697 Japan Society London), 1896. Waka attribué à Sotohori Iratsume.

La légende veut qu’une araignée (dont petit crabe est un autre nom) accrochée à son vêtement soit le signe de la visite prochaine d’un être cher.

14. Aston, W. G., & Davray, H.-D. (1902). Littérature japonaise. Paris: Colin

15. Traduction d’après la version de Edwin A. Cranston in A Waka Anthology: Volume One: The Gem-Glistening Cup - Stanford, Calif: Stanford University Press. 1993.

Waka de Takeshi Uchi no Sukume, parti chercher les vêtements du Prince Oshikuma et de Isahi no Sukune, après leur suicide.

Le lac Biwa 琵琶湖, chanté par Bashô, est la plus grande étendue d’eau douce du Japon. Situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Kyōto, il donne naissance à la rivière Seta.

16. Le chôka, ou poème long, est composé de couplets de 5 et 7 syllabes qui se succèdent au gré de l’auteur jusqu’au final en 5/7/7. Une tentative d’enchaînement qui verra son apogée dans le renga.

17. Le kata-uta est un chant en une partie au rythme  5/7/7 qui préfigure la structure de la poésie classique japonaise : des vers heptasyllabiques ou pentasyllabiques.

18. Le sedōka (ritournelle) est une paire de kata-uta, échange poétique improvisé entre deux poètes. Il tombe vite en désuétude : 61 sedōka sont répertoriés dans le Man’yoshū, il n’y en a plus que 4 dans le Kokinshū.

19. Nagashima Hisayoshi (1960) Revue du Tanka international n°2

 





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