"Un haïku est un compagnon de route qu'on conserve dans sa poche, qu'on prend plaisir à lire pour soi ..."
Yvon Malette (Les Editions David)

ageku 挙句
la dernière strophe d’un renku

allitération
Mise en valeur d'un texte par l'emploi de sonorités. A consommer avec modération, le haïku n'aime pas être engoncé dans de beaux atours.

aphorisme
"Résumer en quelques mots la vérité" ne sied pas au haïjin. Il préfère interpeller le lecteur et le laisser libre d'interpréter.

asymétrie
Dans sa forme la plus courante, le haïku francophone est composé sur trois lignes de 5,7 et 5 syllabes.

attentif
Le haïku est le poème de l'instant. L'auteur doit garder tous ses sens en éveil pour percevoir le moindre mouvement.

avenir
Une fraction de seconde plus tard. Trop tard. Le haïku s'est évaporé.

banal
Le débutant croit à tort que le haïku, pour être banal, doit être sans intérêt. Or, le haïjin cherche à faire partager cette infime seconde durant laquelle il a perçu le quotidien tout à fait extraordinaire.
Banal et original à la fois, telle est la magie du haïku.

bref tan
Être bref : voir brièveté.
Un bref est un poème petit qui peut ressembler formellement au haïku. Mais ce n’est pas un haïku en raison de la manière de traiter le sujet.

brièveté
Pas plus de 17 syllabes mais pas rien que 17 syllabes !

bungaku 文学
littérature

bungei 文芸
art littéraire

Bussokusekika 仏足石歌
ou Bussokuseki no Uta. Poèmes inscrits sur la Pierre aux empreintes de pied de Bouddha,visible au temple de Yakushi 薬師寺 à Nara 奈良. Au total, 21 textes de la forme 5-7-5-7-7-7.

césure : 切字 kireji
Voir kireji.

Chōka 長歌
ou poème long, est composé de couplets de 5 et 7 syllabes qui se succèdent au gré de l’auteur jusqu’au final en 5/7/7. Une tentative d’enchaînement qui verra son apogée dans le renga.

Chokusenshū 勅撰集 ou nijūichidai shū 二十一代集
Ensemble des 21 anthologies impériales
Voir également :sandaishū, hachidaishū, jūsandaishū

cœurkokoro
Kotoba et kokoro sont dans un bateau. Kokoro tombe à l’eau. Qu’est-ce qui reste ? Rien… car un haïku de forme pure sans le moindre soupçon d’émotion n’est que pure forme.
Frêle esquif sur l’océan de la vie, le haïku se guide à deux rames. Que kokoro tombe à l’eau, kotoba aura beau ramer, il ne fera que tourner en rond…

croquis 写生 shasei
Dans son atelier, le peintre va méticuleusement travailler sa toile. Mais à l’extérieur, il esquissera des croquis sur son carnet. Le haïku est cette saisie instantanée sur le vif.

Danrin 談林
Ecole de haikai no renga dirigée par Nishiyama Sōin西山宗因(1605 – 1682)
qui prônait la liberté totale

Décrire :
Représenter dans son ensemble (Le Petit Robert).
Tout le contraire du haïku qui ne s’intéresse qu’à un infime détail.

dépouillé
Simple. Quelques mots alignés sans artifice inutile.

description 描写 byoosha
Dans une oeuvre littéraire, passage qui évoque la réalité concrète (Le Petit Robert) S’il est certain que le haïku n’est pas abstrait, il doit néanmoins aller au-delà de la seule description afin d’émouvoir le lecteur.

dire
Dire, tout dire, ne rien laisser au hasard… n’est pas du domaine du haïku.
Voir non-dit.

dokugin 独吟
renku écrit par un seul auteur

dynamisme
La vitalité du haïku transparait particulièrement lorsqu’il est lu à haute voix. Les tonalités des mots résonnent alors plus distinctement et les scènes justement transcrites apparaîtront clairement.

éclair
Par son intensité qui laisse une trace sur notre rétine, notre cerveau, par la précision des traits, par la fulgurance des propos, par la force des mots, rares,… le haïku est un éclair.

effacement
Fait pour l’auteur de ne pas s’impliquer ouvertement dans le haïku. S’il s’agit d’une règle répandue, elle ne s’impose pas totalement.
Voir retrait.

émotion
Cette sensation bizarre qui naît d’un sentiment n’est-elle pas le propre de l’homme ? Que reste-t-il à un écrit (un écrit reste-t-il ?) si le lecteur ne ressent pas une étincelle d’émotion ?

emphase 誇張 kochoo
Expression exagérée loin d’être naturelle.
antonymes = naturel, simplicité, discrétion ('Le Petit Robert')

éphémère
De très courte durée. Qui passe vite… pour l’observateur. Tout est relatif !
A opposer à éternel.

épigramme 警句
Petite pièce satirique.
Lors de l’introduction du haïku en France, celui-ci était indistinctement appellé épigramme, hokku ou haïkaï.
L’épigramme se rapproche plus du senryû.

esquissee
Dans l’art occidental, l’esquisse est une étude, une ébauche d’une œuvre plus importante.
En Orient, c’est un art complet.

éternel 不朽 fukyû
Qui dure très longtemps, infini.

étonnement 吃驚 kikyoo
Voir haïku-moment

expression
Un haïku, c’est :
l’expression d’une sensation, pas d’une opinion
l’expression vécue, pas figurée
l’expression rationnelle, pas irrationnelle
l’expression construite, pas toute faite.

figer
Un arrêt sur image pour l’éternité. Mais pas une simple photographie car le haïku est fait aussi de sons, d’odeurs, de sensations.

fluant 不易流行 ryûkô
Ce qui change au fil des ans, voire avec l’individu.
A opposer à invariant.
Cette opposition du fluant et de l’invariant est, pour Bashô, une des caractéristiques essentielles du haïku.

Quel plus bel exemple que ce haïku du maître ?
Quelle pitié !
sous le casque –
un criquet


fond
Voir cœur

forme 言葉 kotoba
langue, mot.
Voir coeur.

formuleshiki
Expression concise, nette et frappante, d’une idée ou d’un ensemble d’idées.

fuboku wakashū 未木和歌集
Anthologie privée (non compilée à la demande de l’Empereur) de waka réalisée par Fujiwara no Nagakiyo 藤原長清 (1294-1310) qui a regroupé des poèmes exclus des wakashū officielles.
Egalement appelée fuboku waka-shō夫木和歌抄

fueki – ryûkô 不易流行
Un des plus importants concepts développés par Bashō.
fueki = invariant
ryûkô = fluant

L’immuable et l’éphémère (fueki – ryûkô) sont ainsi juxtaposés dans un seul et même haïku.
C’est comme « évoquer l’univers reflété par une goutte de rosée »
Un exercice parfois difficile…

fugitif
l’instant s’enfuit. il est passé par ici mais jamais ne repassera par là. Pour éviter qu’il ne s’efface à jamais comme une musique écoutée d’une oreille distraite, il faut parvenir à le fixer, non l’emprisonner, dans un haïku.

fūryū 風流
Dans son acception ancienne, désigne la beauté ‘conforme aux goûts classiques’ (in Dictionnaire historique du Japon).
Puis a désigné un objet de goût, raffiné, délicat.
Le genre furyū a influencé la nature du haikai.

Fuzoku monzen 風俗文選
Recueil de haïbun de l’époque Edo compilé par Morikawa Kyoroku森川許六 (1656-1715) regroupant 116 textes de Bashô et de 28 de ses disciples.
Est considéré comme le premier recueil de haibun.


Nom de lettré ou pseudonyme Voir haigo

gojûin :
séquence de 50 versets (soit 25 renga) écrits collectivement.

hachidaishū 八代集
Regroupement des 8 premières anthologies impériales
Voir également : chokusenshū, sandaishū, jūsandaishū

haibun 俳文
Texte en prose (journal de voyage, roman) dans lequel sont insérés des haïkus.
Les romans de Sôseki, et plus particulièrement ‘Oreillers d’herbe’ sont de très bons exemples.

haïga 俳画
Peinture associée à un haïku (calligraphié à l’origine).
Aujourd’hui un haiga est une œuvre picturale (peinture, dessin, photo, montage numérique) associée à un haïku, plus nécessairement calligraphié.

haigō 俳号
Nom de plume (gō) d’un haïjin

haïjin 俳人
auteur de haïku.

haikai 俳諧
Ancêtre du haïku, de ton humoristique. (voir "l'histoire du haïku")

haïkaï no renga 俳諧の連歌
‘Poème lié’ (renga) pratiqué par l’école de Bashō.
Voir mushin renga

haïkiste 俳人 haïjin
Auteur de haïku

haïku 俳句
Terme composé par Shiki, au début du XX° siècle, à partir des noms haïku et hokku. Le seul terme universellement utilisé aujourd’hui.

haïku-moment :
Moment d'émerveillement que l'on ressent à la lecture d'un haïku, comme lors de l'observation de l'événement.

haïku traditionnel
Le haïku traditionnel décrit la nature au travers de deux images et 17 mesures réparties en 5-7-5, avec une référence obligatoire à la saison.
Le haïku contemporain rejette cette rigueur, tout en concervant la métrique court-long-court, pour se consacrer à tous les sujets.
Leur suel point commun est d'être un court poème qui saisit un bref instant.

haïsha 俳写
Photo associée à un haïku

hanka 反歌
Dernière strophe du chōka composée sous la forme d'un tanka

hiyuka 譬喩歌
poème métaphorique ou allégorique

Hokku 発句
Première partie d'un tanka, composée de trois vers de structure 5-7-5 syllabes.
Puis 1er verset d’un renku.
Devenu isolé, poème à part entière, au Japon du XVIème siècle.
Des concours de premiers vers (hokku-awase) ont été organisés.
Ancêtre du haïku (voir "origines").

hosomi 細身 ou 細み
sympathie ressentie pour les petites choses, attention qui leur est portée et se manifestant par l’expression de leur beauté.

kyakkan shasei 客観写生
‘Description objective d’après nature’, concept encouragé par Kyoshi Takahama qui préconisait l’observation exacte et la description précise, objective des faits.

hyatuin :
séquence de 100 versets (soit 50 renga) écrits collectivement.

idée
Représentation élaborée par la pensée.
Le haïku n’est pas une idée, aussi générale soit-elle. Il est le témoin de la réalité.

image 絵画 kaiga
La reproduction la plus fidèle possible d’un être, d’une chose ou d’un événement.

immédiat
Non seulement ce qui est, mais surtout ce qui est perçu ‘primitivement’ sans intervention de la pensée.

impression
Ce qui est ressenti face à une scène, un être, un objet.
La plus belle définition est dans les peintures impressionnistes.

instant :
Moment d'intemporalité que le haïjin doit apprendre à saisir tel qu'il est, avant qu'il ne disparaisse dans le fleuve du temps.

instantané
Le haïku est un travail sur les mots. Je préfère ne pas employer l’expression ‘jeu de mots’ car elle peut être mal interprétée. Et, parler de ‘travail’ sous-entend que l’écriture instantanée, sans préparation aucune, ne peut exister qu’après un long travail d’apprentissage.

interprétation
Le fait de vouloir donner au lecteur son point de vue.
A proscrire. Le haïku doit laisser libre cours à l’imagination du lecteur.

interpréter
Expliquer, commenter, préciser.
Tout ce que doit oublier le haïjin.

invariantfuéki
A opposer à fluant.
Ce qui ne se déprécie pas avec le temps. Ce qui est stable, ce qui est indifférent aux modes.

ji amari :
technique dite "reste de lettres" ou "reste de syllabes" qui permet exceptionnellement d'écrire un haïku de 18 syllabes, au lieu de 17.

jindai no maki 神代巻
Le livre du temps des dieux, un des trois volumes composant le Kojiki

ji tarazu :
A l'opposé de 'ji amari', technique dite "manque de lettres" ou "reste de syllabes" qui permet exceptionnellement d'écrire un haïku de 16 syllabes, au lieu de 17.

jūsandaishū 十三代集
Regroupement des 13 dernières anthologies impériales
Voir également : chokusenshū, sandaishū, hachidaishū

kajin 歌人
auteur de tanka

kami-no-ku 上の句
Nom donné au tercet (forme 5/7/5) du waka

kanshi 漢詩
poésie chinoise écrite par des lettrés japonais
Voir waka

kanshibun 漢詩文
prose de style chinois écrite par des lettrés japonais

karumi :
Terme définissant la légèreté du haïku, tant dans le fond que dans le style.
Terme fréquemment utilisé par Bashô pour encourager l’expression de choses simples en termes simples.

kasen 歌仙
séquence de 36 versets (haïkus et distiques en alternance) liés entre eux, écrits collectivement.
Cette forme était particulièrement appréciée de Bashô et de ses disciples.

Katauta 片歌
est un chant en une partie au rythme 5/7/7 qui préfigure la structure de la poésie classique japonaise : des vers heptasyllabiques ou pentasyllabiques.

Kidai 季題
Thème de saison dans un sens plus élargi que celui du kigo.

kigo :季語
Mot de saison utilisé dans le haïku pour situer le moment dans le cycle des saisons.

Ils sont classés en 7 catégories dans chacune des saisons :
kireji : 切字
interjection orale japonaise qui facilite le respect de la métrique tout en conservant sa légèreté au poème. Il est dit 'mot de soupir' car sert souvent de césure dans le haïku.
Le "na!" chéri de nos enfants est un bon exemple de kireji.

kiyose季寄せ
Lexique, liste de mots de saison sans exemples. Voir recueils

Kojiki 古事記
classique de la littérature japonaise, qui relate les événements depuis l’âge mythique des Dieux jusqu’au règne de l’Impératrice Suiko.

ku
Verset

kushū 句集
collection de haïkus d’un poète (monographie)

Kyōka 狂歌
waka burlesque. C'est-à-dire un poème qui ne respecte que la forme du waka, la profondeur de l'art, la substance artistique, étant ignorées. Seul le côté drôle et léger importe.
Le kyōka exige de l'auteur la connaissance de l'art du waka
Est souvent, parodie de poèmes classiques célèbres.

kyōkai 協会
Association.
Les trois associations de haïku japonais sont :
Gendai Haiku kyōkai現代俳句協会 Ass. du haïku contemporain
Haijin kyōkai 俳人協会 Ass. des poètes de haïku
Nihon dentō haiku kyōkai 日本伝統俳句協会 Ass. du haiku traditionnel

kyôku 狂句
Poème de forme semblable au haïku, mais dont le fond est d'être comique et non profond. Il exige de l'auteur la connaissance de l'art du haïku.
Bashō composait surtout dans sa jeunesse le haïkaï (haïkaï ou haiku comique=kyōku), mais il l’a sublimé petit à petit au rang d’un art à part entière (la haute poésie) vers la fin de sa trentaine.
Le Kyōku est né à l’époque de Bashō, et le nom “senryū” est devenu plus populaire à partir de l’époque de Meïji.

Kyūji 旧辞
Collection de mythes, légendes et chants des aïeux de la famille impériale. Il est aussi connu sous les noms de Honji (本辞) ou Sendai Kyūji (先代旧辞)

maekuzuke 前句付
C’est un tan-renga inversé utilisé lors des concours.
Il fallait écrire un 5/7/5 (tsukeku 付句) en réponse à un 7/7 (maeku 前句)

makura kotoba 枕詞枕言葉
mot-oreiller
Une des principales ressources poétiques de la période du Man’yoshū. Des mots simples, ou des groupes de mots, qui, associés à d’autres expressions – par le sens ou les sonorités, tissent des liens avec d’autres poèmes ou au sein du même poème. Cette association, qui paraît parfois ambiguë, amplifie le sens du poème et lui octroie une certaine profondeur.

maxime
C’est un jugement d’ordre général. Le haïjin ne juge pas, il ne dit pas une vérité générale, il présente les faits centrés sur un moment particulier.

métaphore
Procédé littéraire qui, par association de mots, permet de créer une comparaison.

mondō 問答
poème à répétition. C’est un double kata-uta, écrit par deux auteurs : un jeu, parfois, de question-réponse instantané. Le kata-uta 方歌 est un chant de rythme 5/7/7

moment
Le moment s’inscrit dans une durée limitée de temps. Il n’est pas nécessairement très bref, il peut être délimité dans le temps par l’événement qui le caractérise (‘un pur moment de bonheur’ par exemple).
C’est dans la (re)découverte des moments infimes que le haïku prend toute sa dimension, à condition que l’auteur parvienne à aiguillonner l’attention du lecteur.

moment aha :
Voir haïku-moment

monoaware :
Voir haïku-moment

mot pivot :
Mot ou groupe de mots à l’intersection des deux parties du haïku.
Il peut se rattacher à l’une ou l’autre des deux parties.

mujô 無常
L’impermanence, concept bouddhiste qui influença les arts.

muki haiku 無季俳句
Haïku sans référence à la saison (kigo ou kidai).
Le haïku traditionnel qui exige le respect de la métrique de la césure et du kigo ne peut être muki.

mushin renga 無心連歌
ou haïkaï no renga俳諧の連歌
Opposé au ushin renga, renga ‘dépourvu de sens’ (littéralement sans cœur)

Nihongi 日本紀
Voir Nihonshoki

Nihonshoki 日本書紀 (ou nihongi日本紀)
Annales ou Chroniques du Japon, la plus vieille histoire officielle du Japon

non-dit
Tout ce qui n’est pas écrit, tout ce qui est entre les lignes, tout!

onji 音字
Unité de son japonais qui pourrait, approximativement, s’apparenter à nos syllabes.

pensée
Expression brève d’une idée

perception
Acte d’interprétation.
Nous ne voyons pas un objet tel qu’il est. Notre œil envoie son image à notre cerveau qui l’analyse immédiatement. Pour cette raison, nous percevons les choses différemment les uns des autres.

percevoir
Le haïjin observe tout ce qui se passe. Il perçoit, avec sa propre sensibilité, les événements qui l’entourent puis choisit de partager tel ou tel fait.

personnification
Représenter une chose, un être (non humain) sous les traits d’une personne.

phrasebun
L’énoncé complet d’une idée (‘Le Petit Robert’)… tout le contraire du haïku. Il ne déclare pas, il n’est pas fini.

pivot
Voir mot-pivot

poème uta
Ouvrage de poésie ('Le Petit Robert')

poésie : 詩歌 shika
Art du langage visant à exprimer ou à suggérer quelque chose par le rythme, l'harmonie et l'image ('Le Petit Robert')
"La poésie n'a pas pour vocation de présenter tel quel le monde [...] elle cherche à inventer d'autres mondes au moyen du langage, à créer des images nouvelles, toujours inédites." (Patrice Costa)

présent
Infime frontière entre le futur et le passé.
‘ici, maintenant’ précepte zen qui enseigne de vivre l’instant. Un des fondements du haïku de tendance zen.

proverbekotowaza
Vérité d’expérience, ou conseil de sagesse pratique et populaire commun à tout un groupe social, exprimé en une formule elliptique généralement imagée et figurée.

quotidien
Le quotidien est la somme des instants insignifiants qui passent sans que l’on y prête attention.
Pourtant, il émane de certains d’entre eux une beauté, une originalité que le haïjin doit parvenir à transcrire.

recueils 詩集 shishuu
Pour faciliter le travail du haïkiste, les mots de saison sont, au Japon, répertoriés dans des recueils.
Il en existe de deux sortes :
  1. De simples listes de mots classés selon les saisons auxquelles ils se rapportent (les kiyose)
  2. Des listes, également classées, mais agrémentées de nombreux exemples (les saijiki)


réflexion
Processus d’analyse d’un fait, d’une idée avant d’exprimer son point de vue ou reproduction fidèle d’une image… le haïku a fait son choix !

renga : 連歌
« Poème en chaîne » (On parle de poème lié) c’est à dire série de waka (ou tanka) écrite à plusieurs mains.
Les wakas ne sont pas disposés aléatoirement mais choisis de telle sorte que chaque strophe soit un écho à la précédente.
Il existait deux écoles de renga. Ushin restait fidèle au sérieux du waka tandis que mushin privilégiait le comique, voire la trivialité.

Rengashi 連歌師
Maître de renga

renku 連句
Terme employé aujourd’hui pour désigner le renga. Ce dernier terme est plus souvent utilisé pour les poèmes en chaîne anciens.

retrait
Se mettre en retrait, présenter les faits, rien que les faits, sans chercher à faire valoir ses idées.

Rokkasen 六歌仙 :
les ‘six poètes immortels’ désignés par Ki no Tsurayuki, dans sa préface du Kokinshū :
Henjō 遍昭, Ariwara no Narihira 在原業平, Ono no Komachi 小野小町, Kisen 喜撰 (ou Kisen Hōshi 喜撰法師), Ōtomo no Kuronushi 大友 黒主, Fun’ya no Yasuhide 文屋 康秀

rythme
Mouvement de lecture imposé par le choix des mots, leur emplacement, leur sonorité.
Le haïku doit être fluide, limpide, afin de na pas heurter l’oreille.

sabi
Terme utilisé pour qualifier l'émotion 'poétique' de tristesse, vieillesse ou mort exprimée dans un haïku.
« Sabi est étymologiquement la patine du bronze, la rouille du fer. Par extension, on l’appliquera à toute altération due au temps : la mousse sur l’écorce d’un arbre, les lichens sur un rocher, les cheveux blanchis par l’âge sur la tête d’un homme. Bref, c’est l’usure que les ans infligent même à ce qui, à l’échelle humaine, semble presque éternel. »
Pour Bashô, le sabi est l’émotion que nous ressentons en constatant cet inéluctable passage du temps.

saijiki 歳時記
Liste de mots de saison acoompagnés de haïkus illustrant leur utilisation. Voir recueils

Les saisons : 四季 shiki
Les haïkus sont généralement classés selon cinq saisons, car le noiuvel-an est considéré comme une saison.

Attention! La période des saisons n'est pas mondialement universelle. Au Japon :
sandaishū 三代集
Regroupement des trois premières anthologies impériales
Voir également : chokusenshū, hachidaishū, jūsandaishū

Sanjūrokkasen 三十六歌仙
‘trente-six poètes immortels’, liste établie à la fin du Xème siècle par Fujiwara no Kintō 藤原公任

Sedōka 旋頭歌
(ritournelle) est une paire de kata-uta, échange poétique improvisé entre deux poètes. Il tombe vite en désuétude : 61 sedōka sont répertoriés dans le Man’yoshū, il n’y en a plus que 4 dans le Kokinshū.

Senryū 川柳 Poème de structure parfois identique à celle du haïku, mais différent de par son contenu : pas de mot de saison obligatoire, tous les sujets, même graves, peuvent être abordés, l'auteur peut y exprimer ses pensées, le langage peut être grivois.

sens
Toucher, vue, odorat, ouïe et goût sont les récepteurs de nos sensations, de nos impressions primitives. L’auteur de haïku doit les garder en éveil pour être attentif à tout ce qui l’entoure.

sentence
Pensée (surtout sur un point de morale) exprimée d’une manière dogmatique et littéraire

shasei 写生
« croquis pris sur le vif ». Un terme inventé par Shiki qui privilégiait le vécu et transformait le haïjin en reporter photographe.
Voir aussi kyakkan shasei

shikashû 私家集
anthologie personnelle de poésie.
A ne pas confondre avec l’anthologie impériale Shikashû ou Skikawakashû

shimo-no-ku 下の句
Nom donné au distique (forme 7/7) du waka

shiori
suggestions qui émanent du poème au-delà de la réalité exprimée

shōfū 蕉風
ou style de Bashō
Style de haikai défini par Bashō succédant aux styles des écoles teimon et danrin.

Shōmon 蕉門
Nom donné à l’école de Bashō.

simple
Naturel, mais pas simplet.
Ordinaire, mais pas facile.
Modeste, mais pas candide.

simplicité
Qualité de ce qui n’est pas chargé d’éléments superflus, de ce qui obtient un effet esthétique avec peu de moyens (‘Le Petit Robert’).

spontané :
Qui s'exprime directement, sans réflexion ni calcul (extrait : 'Le Petit Robert')

spontanéité
Caractère du haïku qui cherche à reproduire la fugacité des impressions et du temps.

substance
Voir kokoro

suggestion : 示唆 shisa
Suggérer c'est faire concevoir, faire penser quelque chose à quelqu'un sans l'exprimer ni le formuler (Le Petit Robert)
La suggestion est le ciment du haïku. Sans elle, il se délitera dans les profondeurs de la pensée.

tanka 短歌
Poème de cinq vers composé de deux versets. Le premeir est un hokku, le second est de métrique 7-7 syllabes.
Autre dénomination du waka, surtout utilisée en dehors du Japon.
Le terme tanka remplace le mot waka depuis la période de Shiki.
Il s'agit d'une œuvre individuelle, au contraire du renga.

tan-renga 短連歌
renga court = waka à deux voix

Teiki 帝記
l'arbre généalogique de la famille impériale

Teimon 貞門
Ecole de haikai no renga dirigée par Kitamura Kigin 北村季吟 (1625-1705)
qui insistait sur le respect de la tradition poétique (règles rigides)

temps de l'année :
Il est impératif que le haïku, principalement traditionnel, soit ancré dans le rythme des saisons, soit en nommant la saison, soit par l'utilisation d'un mot qui fait allusion à la saison.
Voir saisons et kigo.

tenja 点者
Juge de poésies

tercet
Voir verset.

tsukeku 付句
Strophe liée d’un renga.
Ou strophe de forme 5/7/5 dans un maekuzuke 前句付

ushin renga 有心連歌
Renga de style sérieux (littéralement pourvu de sens)
Voir aussi mushin renga

uta-awase 歌合
Concours de poèmes pratiqués dès le 9ème siècle qui furent particulièrement en vogue au 11ème et 12ème siècles.
Deux équipes (dites de droite et de gauche) s’affrontaient devant un arbitre (hanja判者) ou un juge (tenja 点者) chargé de les départager.

Ce haïku de Bashō évoque ce type de concours :

雪の魨左勝水-無月の鯉
yuki no fuku hidari kachi minazuki no koi

Soupe de poisson-globe sous la neige –
c’est meilleur à gauche
tranches de carpe crue lavées à l’eau fraîche de juin
Traduction Makoto Kemmoku & Dominique Chipot


vécu
Ce qui est réel, qui appartient à la vie. Le fruit de l’expérience des sens au contraire de ce qui est imaginé.

verset
Petit paragraphe de 17 ou 14 syllabes composant un renga ou un renku (on parle parfois de strophe).

wabi : 佗び
Terme utilisé pour qualifier la tranquilité de l'esprit ou celle des choses exprimée dans un haïku.

waka 和歌
Littéralement poème japonais (en opposition à la poésie en chinois – shi) il est la forme de poésie la plus ancienne. Elaborée au VII° siècle, il restera prédominant jusqu’au XIV°.
Il est composé de cinq vers (5-7-5,7-7 syllabes) qui, à l’époque classique (IX°-XIII°) étaient divisés en deux parties, tercet et distique, la deuxième venant souvent complèter la première.
Le waka était enfermé dans des règles strictes tant de sujets que de vocabulaire ou de syntaxe.

Wakadokoro 和歌所
Bureau de la poésie (créé pour la première fois en 951), attaché au palais impérial, chargé de compiler les anthologies et d’organiser des concours (Wakadokoro utaawase 和歌所歌合).

wakashu 和歌集
Anthologie de waka. Nom donné aux anthologies impériales.
A ne pas confondre avec wakashu kabuki若众歌舞伎, théâtre kabuchi interprété par des adolescents (wakashu)

ya :
Expression japonaise (kireji), équivanlente à notre "oh!" ou "ah!", uilisée pour signifier l'admiration ou l'étonnement, parfois emprunt de doute.


‘Nature mystérieuse et spontanée d’une création artistique.’ (in Dictionnaire historique du Japon)
Voir yūgen

yūgen 幽玄
Mystère, profondeur & subtilité du monde où nous vivons (ce qui est finalement très subjectif!).

zappai 雑誹
Exercice d’entraînement à l’écriture du haïku

zen
Le zen, rattaché au bouddhisme, est une religion dite ‘non-religion’ car il n’appelle pas à une croyance en un Dieu.
Maître Deshimaru précise : « Le véritable état du zen ne peut exister qu’à travers la pratique de zazen. Nulle part, il n’y a de zen sans zazen. Zen et zazen ne sont pas séparés. Ils ne sont pas en dualité mais en unité. »





© 2002 - dominique Chipot - textes & photos

Le haïku : le temps d'un instant
http://www.dominiquechipot.fr




Les informations et les images diffusées sur ce site sont protégées par les lois sur la propriété intellectuelle.
Aucune utilisation de ces informations n’est possible sans l’autorisation préalable de l’auteur.
Les haïkus cités sur ce site sont extraits des ouvrages de la rubrique 'des livres' sauf ceux de la rubrique 'mes essais'.


La plupart des javascripts utilisés sur ce site proviennent de :
http://www.editeurjavascript.com